Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

LE RETOUR D’ADONIS



Astarté, j’ai passé par des forêts nocturnes
Où se pressait le peuple des dieux inconnus.
Les faunes curieux tendaient leurs fronts cornus,
Les nymphes à ma voix laissaient tomber leurs urnes.

Et des hommes chargés de métaux et d’éburnes
Étaient, de tous les lieux de la terre, venus
Écrouler leurs trésors par devant mes pieds nus
Sans distraire le cours de mes yeux taciturnes.

Je te reviens le même, et n’ai laissé ma foi
Qu’en tes mains, Astarté, nuit magnifique et tendre.
Ma joie en tes cheveux frissonne et rêve à toi,

Prête à périr s’il lui fallait cesser d’entendre
Ta voix toujours divine et prompte à s’étoiler
Me chanter doucement ou doucement parler.