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II

L’AMADZONE



Nue, et le corps sanglé de cruelles courroies,
La vierge dont l’œil céruléen s’est ombré
De la nuit qui s’étend sur les mauvaises joies
S’accroche à l’étalon dans une horreur cabré.

Le cheval marche dans la chevelure rousse,
Et la guerrière, en proie aux frissons utérins,
Par les poings suspendue aux franges de la housse,
Crispe ses pieds tordus dans la queue aux longs crins.

Elle qui vers la joie et la douleur s’étire,
Atteint éperdument le bienheureux martyre
Et hurle de l’effort dont sa chair a craqué.

Mais l’Amant, qui d’un feu terrible la traverse,
Emporte son cadavre, au galop, disloqué,
Balayant de ses bras la terre, à la renverse.

Balayant de ses bras la terre, à la renve1890.