Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE PASSANT



Près des rives d’iris et des bouleaux des berges,
Alternant ses pieds froids au courant des ruisseaux,
Il passe vêtu d’ombre et de jour sur les eaux ;
Et le long de son corps déclinent ses mains vierges ;

Et le long de ses bras deux iris, et le long
De ses cheveux des lys alourdis de rosée
Pendent vers les prés blancs de la plaine élysée,
Où passe avec l’été le pâle éphèbe blond.

Et les dryades se penchant du creux des souches
Ouvrent de leurs doigts verts les lèvres de leurs bouches
Devant l’enfant qui vient sous les coudriers nains.

Mais un aigle envoyé par les mains éternelles
Emportera sur l’envergure de ses ailes
Le jeune dieu trop beau pour des yeux féminins.