Page:Louÿs - Œuvres complètes, éd. Slatkine Reprints, 1929 - 1931, tome 13.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FUNÉRAILLES


À Camille Mauclair.


Plus pur que l’air nocturne où l’or bleu s’éblouit
Plus pur que le désir suscité par les astres
Un cœur de marbre qu’un lent souffle épanouit
Fleur ! ô les cœurs d’acanthe aux cous blancs des pilastres !
Éclôt d’une colonne où l’or des astres luit.

Les souvenirs de l’être et du jour et du bruit
Se perdent, vieux voiles oubliés par leur âme.
Le cœur, rose de glace aux doigts d’Elle, réclame
Le crêpe en lourds flots noirs des longs deuils de la nuit.

Il se meurt d’une envie éternelle et tranquille.
Sa vision descend dans l’hiver immobile,
Descend, neige et l’ensevelit de lins ailés,

Extase qui revient des étoiles heureuses
Suivre dans les déserts vers les lieux révélés

Le silence mortel mené par les pleureuses.