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CHUTE DE JOUR


À Marcel Drouin.


L’ombre odorante où vibre une lueur fleurie
S’égaye à la brise aux reflets du jour changeant.
Le sillage de l’air limpide est bleu d’argent
Comme un fond d’eau où le soleil se colorie.

Et dans le cadre des feuilles, la closerie
Aérée, où des libellules vont nageant,
Avec des gestes se déchevèle en neigeant
Des parcelles de rose amoureuse et mûrie.

Le vent fragile vient parmi les frondaisons
Allongeant les soleils cerclés sur les gazons
Ébruiter un frisson sous les feuilles dorées,

Mais le bois déjà noir jusqu’aux longs horizons
S’endort dans la fraîcheur plus sombre des orées
Aux bras pernicieux et pâles de la nuit.