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LE BOUCOLIASTE


Sylvain du Styx que l’homme appelle Janicule.
                                                            v. h.


La flûte qui fléchit sous les doigts allongés,
Docile à s’animer comme la femme aux lèvres,
Vibre, et le clair essaim des trilles encagés
Se mêle aux bêlements bucoliques des chèvres.

Le joueur puéril à ses roseaux légers
Chante en vain : seule, Écho, lointaine et triste, alterne ;
Les Muses sont trop loin de la voix des bergers
Qu’une cigale inspire et qu’un vol noir consterne.

Mais l’éphèbe : « Je suis, ô Phoïbos radieux,
Boucoliaste, et pur pour le culte des dieux.
J’ai l’espoir du laurier que ton geste décerne

Et je veux, pour gagner ton sourire indulgent,
Consacrer sur l’autel de flouve et de luzerne
Ma flûte pastorale à ta lyre d’argent. »