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à l’exclusion de tous les autres. Ronsard et Chénier en ont usé plus librement, mais encore avec respect. Un poëte contemporain, M. de Guerne, lui est demeuré fidèle, et le plus récent poëme de M. de Régnier prouve suffisamment qu’il n’est pas tombé en désuétude.

Mais Ronsard, qui l’avait créé, a compris le premier combien cette division régulière était monotone et pouvait à la longue devenir fastidieuse. Il inventa l’enjambement, le rythme allongé, la césure irrégulière.

Oh ! qu’est-il rien de doux sans Vénus. Las ! à l’heure
Que je n’aimerai plus, puissé-je trépasser !

On sait comment Malherbe vint, pour cent cinquante ans, mettre un terme à ces hardiesses ; Chénier les reprit et les développa. Il use de l’enjambement avec un sens merveilleux.

Mon âme, comme un songe, autour de ton sommeil
Voltige…comme un songe, autour (ELég. xxii.)

Mon âme vagabonde à travers le feuillage
Frémira.vagabonde à travers le (Néère.)

Il connut le vers brisé :

Les belles font aimer, elles aiment, les belles
Nous charment tous, heureux qui peut être aimé d’elles.
Nous charment tous, heureux qui peut(Élég v.)