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« Je souffre comme une damnée… de mes dents, de ma tête, de partout… Depuis deux heures je n’y vois pas devant moi. »

Elle décrit exactement les phénomènes de réaction qui se manifestent aussitôt que la provision est épuisée. Ainsi se plaint une opiophile qui « n’en a pas ».

Je crois que Mme d’Abrantès était mourante quand elle écrivit à Corriol la lettre publiée par l’Intermédiaire.

Je crois qu’elle agonisait et qu’elle regardait la mort avec autant de sérénité que de clairvoyance. Relisez les premières phrases :

« Ce n’est pas au moment — mais au moment — de finir nos affaires qu’il faut perdre patience.

Croyez-moi lorsque je vous affirme que tout va enfin se terminer d’ici très peu de temps et même très peu de jours.

Laissez-moi faire.

Soyez en paix.

Ne nous fâchons pas pour quelques jours de retard.

Ce n’est que peu de chose en comparaison d’une paix éternelle, après. »

Terrible lettre. Le droguiste ne fut ému que de sa facture et je crois que pour dix louis il fit saisir la chambre.