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la plupart de leurs parties, les Mémoires sur l’Empire ont un personnage central qui n’est pas Napoléon, mais son premier aide de camp.

Mme d’Abrantès écrit dix-huit volumes in-8o pour composer une biographie de Junot d’après les documents qu’elle possède. Elle veut détruire les sottes légendes accréditées par les mémorialistes. Ici, elle ne peut rien écrire, qui ne soit la simple vérité. Elle entend que son témoignage demeure inattaquable dans l’avenir. En effet, la correspondance de Napoléon démentira le Mémorial et tous les autres Bourrienne ; — seule, en ce qui concerne Junot, Mme d’Abrantès, par mille documents authentiques, sera confirmée.

À quel degré était-elle opium-eater ?

Il lui fallait près de trois grammes par jour. Sa dose ordinaire était de cinquante grains (2 gr. 65). J’ai la lettre où elle écrit le chiffre ; mais nous pouvons compter un peu davantage : les femmes prennent rarement un remède agréable avec régularité. Tout leur est prétexte à forcer la dose. — Or, c’était de l’opium pur que délivrait Corriol : de l’extrait gommeux d’opium.

Je n’ai aucune expérience de cette habitude : mais je la connais assez bien d’autre part pour avancer que trois grammes d’extrait gommeux supposent l’intoxication.

Le jour où Mme d’Abrantès écrit à sa fille Constance :