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les êtres et les pierres légendaires apparaissent à ceux qui niaient leur existence et reviennent à la lumière dans leurs murs encore debout. Pendant vingt-cinq ans, l’Iliade fut seule à nous livrer ses personnages et ses décors : on retrouva le palais de Priam et celui d’Agamemnon. Mais depuis quelques années les civilisations fabuleuses sortent du sol toutes ensemble comme si l’heure de la résurrection venait de sonner sur leurs mystères.

La première dynastie de l’Égypte était regardée comme apocryphe et comme n’ayant jamais vécu que dans l’imagination des prêtres : on a déterré aujourd’hui presque tous ses rois dans leurs cercueils individuels marqués de leurs noms exacts.

Bien plus : on retrouve des rois antérieurs, dont les Égyptiens eux-mêmes avaient perdu la mémoire. Nous sommes mieux renseignés sur leurs origines qu’ils ne le furent jamais, et nous savons aujourd’hui que, loin de placer des souverains fictifs au début de leurs annales, comme on les en accusait, ils méconnaissaient, au contraire, l’extrême antiquité de leurs monarchies.

Et voici maintenant que les fouilles de Crète nous entraînent définitivement dans des siècles chimériques. Le palais de Minos et de Pasiphaé, le labyrinthe construit par Dédale, la terrasse d’Icare, l’appartement de Phèdre, l’antre monu-