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dans la voix ambiante, qui s’inquiète rarement de leurs idées, plus rarement encore de leurs personnes. Et cependant le cerveau de Paris est fait de leur multitude. Il faut chercher ailleurs notre définition.

Qu’est-ce que le Boulevard ? Est-ce le centre du mouvement et de la vie ? Pas davantage.

Pris en bloc, Paris a deux foyers d’où sa force rayonne : la place du Châtelet, qui doit au voisinage des Halles sa prodigieuse circulation, et la place de la République, qui est le forum industriel de l’immense ville. Ici Paris travaille, là il se nourrit. Les manufactures se sont groupées par une élection naturelle entre les grandes gares du Nord, de l’Est, du Paris-Lyon-Méditerranée et d’Orléans. Les Halles ont grandi où elles devaient croître, au point central de la ville. Le boulevard de Sébastopol et la rue de Turbigo sont donc, et peut-être à jamais, nos deux artères vitales. L’exode de la société riche vers les quartiers occidentaux n’a presque rien attiré sur ses pas. Il faudrait des événements extraordinaires, comme la création du port maritime projeté à Saint-Ouen, pour faire dévier par influence les grands courants actifs de la force parisienne… Mais le Boulevard est bien loin de ces fleuves nourriciers. Où prend-il la source de son énergie ?

Est-il situé, — comme s’exprimait une annonce