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Nous ne la regretterons pas, pour une première raison : c’est qu’elle était inutile.

Tous les écarts de langage ou de sujet qu’elle avait mission d’empêcher sont, en effet, punis par les lois, et parfois même avec une sévérité extrême. Outrage aux mœurs, outrage envers les souverains étrangers, diffamations envers les particuliers ou les membres du gouvernement : tous ces délits correspondent à des articles du Code pénal et des lois usuelles ; leurs auteurs sont passibles de prison et d’amende ; ils peuvent être condamnés à des dommages-intérêts sans limite : c’est-à dire que sans le concours de MM. les censeurs, un directeur de théâtre, un dramaturge et une troupe d’acteurs peuvent être, au gré du tribunal, déshonorés ou ruinés. — N’est-ce pas suffisant ?

Un second motif pour lequel la Censure ne sera pas pleurée, c’est qu’elle s’exerçait d’une façon qu’on s’accorde à juger extraordinaire.

Ses rigueurs frappaient de préférence les grands théâtres, ceux dont le public se compose d’hommes indifférents et blasés, que l’action dramatique n’émeut guère et qui n’écoutent pas toujours ce que l’auteur voudrait leur faire entendre.

Ses indulgences couvraient de leur protection les revues et les chansons des cafés-concerts, qui