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sait-on pas des autres ! Celles de ces dernières qui nous sont parvenues sont presque toutes archaïques parce que la terre de l’oubli les recouvrait déjà et les protégeait à l’époque où les Polyeuctes massacraient les déesses jusque sur les autels. Les vases et les statuettes de terre que nous retrouverons dans les tombes inviolées nous laissent un meilleur témoignage, plus fidèle et plus complet, de ce que permit l’art grec depuis son origine jusqu’à son déclin.

Non, la loi dont nous parlons ne s’est pas imposée en Grèce. Elle n’appartient pas davantage aux deux autres grands pays qui pourraient partager avec elle l’honneur d’avoir créé une esthétique humaine, et qui se rapprochent à travers les âges par la perfection de leur goût : je veux dire l’Égypte et le Japon. À Memphis comme à Kioto, nul n’a jamais eu la pensée de mutiler une femme nue avec l’audace de nos contemporains.

De même, les primitifs de toutes les écoles européennes ignoraient cette altération, que leur public n’eût pas comprise. On sculptait des Èves naturelles aux portails des cathédrales. Sainte Marie l’Égyptienne était peinte sans détours sur les plus vieux vitraux des églises de Paris et sur les miniatures pieuses des livres d’heures, en regard d’une prière ou d’un évangile. Les cuivres du moyen âge, les bois anciens, les ivoires,