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— Alors il manque une pièce, en effet : la copie de la transcription de l’acte qui a prononcé le divorce. Courez au greffe du tribunal civil et rapportez-moi cela.

— Ah ! je vous le disais bien ! » soupira le malheureux.

Une heure après, il était au greffe, où on lui répondait qu’on serait enchanté de copier pour lui la pièce dont il avait besoin, et que cela coûterait une vétille : cent quatre-vingt-dix francs avec quelques centimes.


« Cent quatre-vingt-dix francs ! mais où voulez-vous que je les prenne ! »

C’était le dernier coup.

Tout mariage devenait matériellement inaccessible.


Le sympathique ouvrier qui m’écrit cette longue histoire, « si triste et si burlesque à la fois », comme il le dit lui-même, termine sa lettre par ces mots :

« Il n’y a qu’une solution possible pour moi. Je mettrai dix francs par mois de côté. Au bout de dix-neuf mois, je pourrai peut-être enfin me marier. Mais, à ce moment-là, tous mes actes seront périmés pour la quatrième fois, et alors je recommencerai ma promenade dans les greffes, bien heureux si l’impôt projeté ne vient pas