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famille à l’étranger. Dans l’un et l’autre cas l’État se prive d’un foyer ; il est sa propre victime, et loin de retrouver un soldat, il perd par-dessus le marché toute une escouade de marmots.

Certaines pièces ont pour but d’établir l’identité des fiancés et de prévenir par là les bigamies éventuelles, comme si la menace des travaux forcés qui punissent encore chez nous cette variété rare de l’adultère, ne suffisait pas à faire réfléchir les maris trop ambitieux. Toutes ces protections naissent d’un bon sentiment ; on pourrait peut-être ne pas les rendre obligatoires, admettre que dans la plupart des cas elles sont parfaitement inutiles[1], qu’elles peuvent être inefficaces, et que d’ailleurs la bigamie est un crime moins grave que jadis depuis que le divorce a fait du mariage civil un engagement transitoire où l’erreur est prévue et toujours réparable.

Enfin la Loi, opposant avec une insistance maniaque des obstacles toujours nouveaux à des maternités possibles, interdit pendant un laps de temps considérable les mariages les plus jeunes, les plus sains, les plus féconds si le consentement paternel fait défaut à l’un des fiancés.

Ainsi nous avons, dans les campagnes du Midi et dans toutes les populations urbaines du Nord,

  1. En France, sur 10.000 mariages, 9.993 ne donnent lieu à aucune opposition.