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chambre basse, l’honneur de voter deux fois pour mon conseiller municipal ne m’éblouirait pas au point de me rendre sept fois père.

Non. Agir sur la situation démographique d’un peuple, faire monter le chiffre des naissances annuelles grâce à des mesures législatives aidées de propagandes morales, ce n’est pas d’abord une question de primes, de petits impôts, ni de vote plural, c’est, avant tout, en bonne raison :

1o Délivrer les jeunes gens de toutes les entraves que la société apporte au rapprochement des sexes ;

2o Faire en sorte que la femme, après avoir conçu, ne soit pas amenée bientôt à s’en repentir et à s’en cacher.

Or, s’il est vrai que le législateur et les classes dirigeantes exercent une influence quelconque sur la natalité en France, ils l’exercent, on le sait assez, précisément dans le sens contraire à celui-ci.

En effet, que se passe-t-il ? On parle de propagande ; quelle propagande fait-on dans la campagne et dans les faubourgs ? Celle de la virginité.

Chaque année, de vieilles personnes animées d’un esprit qu’elles croient excellent, et confondant la vertu avec la continence selon l’équivoque traditionnelle, lèguent des titres de rente aux communes rurales, à charge pour les municipalités de couronner solennellement la jeune fille la plus