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de Gourmont n’ait commencé sa vie studieuse par une excursion à l’imprimerie de ses ancêtres. Les heureux amateurs de livres possèdent la machine à explorer le temps et c’est à elle seule qu’ils doivent leurs curiosités si diverses. Gourmont devint bibliophile à vingt ans. Il le resta toujours et les vieux livres lui apprirent que tout est sujet de méditation.

Il voulut, dès sa jeunesse, étudier de près le plus riche trésor de livres qui fût au monde et se fit attacher pendant huit ans (1883-1891) à la Bibliothèque Nationale. Période d’études pendant laquelle il se sentit attiré par les vocations littéraires et scientifiques les plus variées comme en témoignent ses derniers ouvrages. Suivit une autre période qui fut purement littéraire : contes, romans, théâtre, proses lyriques et même poésies, il voulut s’exercer à tout, comme un architecte qui ne se croirait pas un artiste complet s’il ne prenait entre ses doigts le pinceau, le burin, la pointe, le crayon de pastel, l’argile et le ciseau. Mais il se, renferma bientôt dans le domaine où il était maître : celui des idées.

Le respect de la langue française, la haine de Dieu, le goût de la liberté, le regret de la femme, l’amour des Livres, le mépris du monde devinrent les principaux thèmes de ses variations critiques. Il publia quarante volumes et je ne serais pas étonné qu’on pût en imprimer autant avec ce