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Nos sens facilement peuvent être charmés
Des ouvrages parfaits que le Ciel a formés.

Et je n’ai pu vous voir, parfaite créature
Sans admirer en vous l’auteur de la nature
Et d’une ardente amour sentir mon cœur atteint
Au plus beau des portraits où lui-même il s’est peint.


Quelle plénitude et quel génie du verbe dans ce dernier vers !


D’abord j’appréhendai que cette ardeur secrète.
Ne fût du noir esprit une surprise adroite
Et même à fuir vos yeux mon cœur se résolut,
Vous croyant un obstacle à faire mon salut.

Mais enfin je connus, ô beauté toute aimable
Que cette passion peut n’être point coupable
Que je puis l’ajuster avecque la pudeur
Et c’est ce qui m’y fait abandonner mon cœur.

Ce m’est, je le confesse une audace bien grande
Que d’oser de ce cœur vous adresser l’offrande
Mais j’attends en mes vœux tout de votre bonté
Et rien des vains efforts de mon infirmité.

En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude.
De vous dépend ma peine et ma béatitude
Et je vais être enfin, par votre seul arrêt,
Heureux, si vous voulez, malheureux, s’il vous plaît.


L’art littéraire — et surtout l’art poétique — ont toujours été mieux compris au Collège de France qu’à la Sorbonne ou à l’École Normale. Cependant Brunetière a posé cette question remarquable :