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le reste est du poète. Ils sont deux. Il y a ici deux langages. Le second est d’un metteur en scène. C’est évident.


TARTUFFE

Que le Ciel à jamais par sa toute bonté
Et de l’âme et du corps vous donne la santé
Comment de votre mal vous sentez-vous remise ?

Ainsi commençait la troisième scène de l’acte III. Et c’étaient trois vers français. Mais là, le directeur de théâtre éprouve le besoin de faire asseoir Elmire et Tartuffe et il saccage le texte. Tous les auteurs dramatiques me comprendront.

Voici donc ce que devient le début de cette scène illustre :


TARTUFFE

Que le Ciel à jamais par sa toute bonté
Et de l’âme et du corps vous donne la santé
Et bénisse vos jours autant que le désire
Le plus humble de ceux que son amour inspire.


ELMIRE

Je suis fort obligée à ce souhait pieux
Mais prenons une chaise afin d’être un peu mieux.


TARTUFFE

Comment de votre mal vous sentez-vous remise ?

Donc, c’est pour faire asseoir Elmire et Tartuffe, c’est ajouter au texte ce vers désolant :


Mais prenons une chaise afin d’être un peu mieux.

(et « une » est inexact ; il voulait dire « deux » ;