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Est-il possible que personne encore, pas même un des bibliophiles rouennais qui, depuis quarante-trois ans possèdent, réimprimées, les pièces de l’affaire, n’ait encore fait ce rapprochement, que trois courtes phrases résument :

JEAN DE LEMPÉRIÈRE, médecin à Rouen, soutient que les religieuses sont possédées. PIERRE YVELIN, médecin de la Reine Mère, soutient qu’elles sont hystériques. PIERRE CORNEILLE dédie Polyeucte À LA REINE, le 20 octobre 1643. Et il a épousé Marie de Lempérière. Par conséquent Polyeucte lutte ouvertement contre Félix, Pauline et l’homme le plus célèbre de leur famille.

Corneille a contre lui, non seulement les siens, mais l’Église tout entière, et l’Évêque d’Évreux et les Capucins ; il a contre lui le Parlement où il siège et qui fera brûler vif, quelque temps plus tard, le vicaire Boullay, mêlé à cette affaire.

Corneille risque le bûcher. Il est presque seul contre tous. Il sait bien qu’une dédicace ne le réconcilie pas avec Anne d’Autriche qui pleure encore Richelieu mort depuis six mois. Mais Corneille est le premier homme qui ait trouvé cette réponse :

Dans un si grand revers, que vous reste-t-il ? — Moi
Moi, dis-je, et c’est assez.

Je vous conterai plus tard l’histoire de Polyeucte. Elle est admirable. Corneille la soutient sans une