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L’évêque Godeau — entendit la fameuse lecture de la pièce à l’hôtel de Rambouillet — condamna Polyeucte sur-le-champ, le traita d’iconoclaste et manda quelqu’un chez Corneille dès le lendemain, pour se faire entendre.

Que n’eût-il pas dit davantage s’il eût appris à Rouen, cet évêque de Grasse, quels hérétiques avaient fait profession d’iconoclastie en la propre église paroissiale des Corneille ? Les huguenots, en 1560, avaient profané l’église Saint-Sauveur ; les huguenots avaient tout brisé, les images et les crucifix, les vases sacrés, les instruments du culte, les pierres des tombeaux ; ils avaient brisé les autels…

Alors quelle était donc la religion de Corneille, si, après une messe entendue en cette paroisse profanée, il pouvait écrire avec allégresse à l’instant sublime de sa tragédie :


J’ai profané leur temple et brisé leurs autels.
Je le ferai encor si j’avais à le faire.


Corneille avait pourtant signé sa déclaration de guerre le 20 octobre 1643.


Adieu ; mais quand l’orage éclatera sur vous
Ne doutez point du bras dont partiront les coups.


L’orage éclata le 20 décembre. Ce jour-là, l’Apologie pour Yvelin fut distribuée individuellement, aux médecins ? non, aux magistrats, tout