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DEUX CURIEUSES ABERRATIONS


I

Châteaubriand était un homme très bien ; presque trop bien, si cela peut se dire.

En 1830, il n’avait pour vivre que sa pension de 12.000 francs. Une pension est une dette nationale. Châteaubriand n’a pas voulu la recevoir de Louis-Philippe, et sans aucun espoir de revoir sa dynastie préférée (… « les Bourbons qui s’exilent de France pour la troisième et dernière fois, écrivait-il) il s’est jeté en pleine misère, à 62 ans, n’ayant d’autre fortune que sa garde-robe d’uniformes diplomatiques, qu’il a vendue 700 francs à un juif.

C’est très beau. C’est d’autant plus beau que la pension n’est pas un traitement et qu’elle est due même aux adversaires irréconciliables du pouvoir.


Et le même homme, qui devait écrire : j’avais quatre sœurs « d’une grande beauté », le même homme publie un roman autobiographique sur lequel il ne veut pas que nous nous trompions. Il l’intitule René ; René est son prénom.

Et il l’écrit pour nous apprendre que sa sœur a été physiquement amoureuse de lui, et que si