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René accepta la responsabilité sans aller jusqu’au remords. Cette tragédie l’épouvanta : « Jamais je n’ai éprouvé une douleur pareille ». Mais s’il en était la cause il n’en était pas le coupable, et nous comprenons désormais les antinomies singulières qui rendaient si mystérieuse la mélancolie de René.

Il quitta, l’Europe. Il partit pour la Louisiane, y voyagea, revint en Angleterre, sans même espérer l’oubli. À son retour il écrivit la tragique histoire de sa sœur et le tableau de ses propres pensées et sans doute la scène finale, textuellement, jusqu’aux derniers mots quelconques, jusqu’au « Voilà ce que je voulois te dire » qui avait précédé l’Adieu.

Mais un pareil récit n’était pas publiable en 1802. Lucile vivait encore. Il retrancha du drame la scène principale qui, seule, expliquait tout le reste. Quand parurent les Martyrs, Lucile était morte ; nul ne pouvait plus reconnaître les paroles de Velléda.