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et comme, sous le triste règne de Mme de Maintenon, chacun avait besoin de gaîté, elles fondèrent en l’honneur de la nouvelle poudre un ordre de chevalerie, ou on leur en prêta le dessein.

C’est ce dont témoigne un curieux placard publié sous le titre :

ÉTABLISSEMENT DE L’ORDRE DE LA TABATIÈRE In-folio, Surf. impr. : 280 x 180. — S. l. n. d. (Prose et vers).

Nous chevalieres de l’Ordre de la Tabatiere : declarons n’avoir rien trouvé jusques a present, que le Tabac, capable de se faire aimer constamment de Nous. Le Temps nous fait trouver des défauts dans nos Amans, de l’ingratitude dans nos Amies, un air d’antiquité dans nos Habits, du ridicule dans une Mode, et nous changeons de tout cela quatre fois l’année. Il n’y a que le tabac seul que nous trouvions digne d’être aimé.

Après cet exposé des motif, où il n’y a rien à redire, un nouveau titre annonce les RÈGLES DE L’ORDRE DE LA TABATIÈRE. Les Chevalières porteront « un ruban bleu au côté gauche ». Elles « auront toujours sur elles une tabatière et du tabac ». Elles ne seront « ni laides, ni vieilles, ni bestes, ni bigottes sur tout » (Voilà est pour Mme de Maintenon.) Il suffira « qu’elles ayent pour le tabac toute la tendresse qu’il mérite » et « elles pourront être receues. »

Troisième titre : LA MANIÈRE DONT SE FERA LA Cérémonie de la Réception des Chevalières.