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quand j’ouvris le catalogue d’un savant expert en autographes qui annonçait « une page d’un manuscrit de Restif. »

J’allai voir la page. On m’en présenta plusieurs. Je demandai de quel manuscrit elles étaient tirées. On n’avait pas cherché à les identifier. L’œuvre de Restif est immense. Comment retrouver une page entre soixante mille ? Cependant je regardai l’autographe que l’on m’avait mis sous les yeux et je lus dans un éblouissement : IXe Revie.

La neuvième Revie ! mais on n’en connaissait que deux ! La neuvième ?… Sans aucun doute, c’était une page du manuscrit perdu. C’était l’Enclos et les Oiseaux !

« Combien de feuilles possédez-vous ? — Une vingtaine. — Je les prends toutes. En avez-vous déjà vendu ? — Quelques-unes seulement, qui nous ont été demandées d’Allemagne. »

Rentré chez moi, je me gardai bien de conter ma trouvaille à personne et j’attendis le hasard qui me permettrait de compléter autant que possible le manuscrit. J’espérais découvrir un autre dépôt.

Hélas ! je l’ai retrouvé aussi, mais trop tard, celui-là. J’avais laissé passer deux ans… Le second marchand d’autographes, à la même époque, avait possédé une partie du manuscrit non identifié. Les feuillets en avaient été dispersés peu à peu, vendus à des amateurs isolés, entre autres