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Les diverses éditions de l’Anthologie écrivent Atthis avec un alpha majuscule et les commentateurs ont pensé qu’il s’agissait là d’une ville inconnue et vraisemblablement imaginaire, comme je le disais dans la préface du volume. Méléagre, juif converti à l’Hellas, devait renier sa patrie sémite, et se créer, sur cette terre natale (où jamais les Grecs n’avaient colonisé), une origine hellénique. Le second « contresens » est plus curieux :

« Ailleurs (VII, 418) les grâces de Mélétos (poète érotique bien connu) deviennent les grâces milésiennes. »

Sur ce point je n’ai pas voulu me fier à ma seule mémoire, et j’ai consulté la plus haute autorité qui existe aujourd’hui en matière d’hellénisme, M. Alfred Croiset. Le savant professeur m’a répondu que ce Mélétos ne lui rappelait aucun souvenir et que son nom (après examen) n’était pas même cité dans l’onomastikon le plus complet. Il semble donc qu’il n’existe que dans l’imagination de M. Reinach, à moins d’admettre une confusion bien extraordinaire avec le poète tragique qui fut accusateur de Socrate. Le nom de ce dernier Mélétos devient encore plus improbable si l’on ajoute que Méléagre l’emploie comme épithète des grâces.

En supposant même qu’il existât un poète érotique de ce nom, il est certain que Méléagre l’ignorait ou le méprisait puisqu’il ne l’a pas cité dans sa Couronne des Muses. Et ensuite, que signifie ce bien connu dont M. Reinach prétend m’accabler, quand il s’agit d’un poète grec que M. Croiset ne connaît pas et dont on ne trouve la trace nulle part ?

M. Reinach termine son accusation par une note plaisante sur :
« le prétendu judaïsme de Méléagre, alors que précisément