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APPENDICE
MÉLÉAGRE ET M. THÉODORE REINACH




I


M. Théodore Reinach part en guerre, dans les colonnes du Temps, contre une traduction de Méléagre qui « pullule de contresens ». Il ne saurait choisir, sans doute, entre ces fautes grossières ; et pourtant il en cite trois qui priment toutes les autres. Voici la première :

Là où Méléagre dit qu’il est né dans Gadara l’Attique, c’est-à-dire la grecque, colonie grecque en pays syrien (Anthologie palatine, VII, 417), le traducteur comprend qu’il s’agit d’une ville appelée Atthis !…

Si M. Reinach s’était donné la peine d’étudier, même sommairement, la question qu’il tranche ainsi, il saurait qu’on discute depuis cent ans sur ce vers de Méléagre :

Πάτρα δεμε τεϰυοἶ
Ατθἱϛἑν Ασσυρίοιϛ ναιομένα Γαδάροιϛ.

La thèse qu’il soutient a été inventée par Carlo-Maria Rosini en 1793 dans ses Prolegomena in Philodemum (Herculanensium voluminum quae supersunt. Tome Ier). D’après le savant italien, Atthis serait une épithète de patra et l’ensemble du vers signifierait : une patrie attique m’enfanta chez les Syriens de Gadara.

Mais généralement cette opinion n’a pas été approuvée.