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de ses lectures, il avait rencontré, avec une impression de ressouvenir, quelques-uns de ces fragments visionnaires sur l’Orient mort, qui sont devenus de classiques splendeurs, et il les relisait, dans le silence et l’ensoleillement du jardin, en frissonnant chaque fois devant le mystère qu’ils évoquent…

« C’était un soir des vieux âges. La mort de l’Astre Souryâ, phénix du monde, arrachait des myriades de pierreries aux dômes d’or de Bénarès… »

Des mots le berçaient d’une façon étrange ; rien que des consonnances, de là-bas et d’autrefois, retrouvées dans un nom propre, le grisaient tristement comme un parfum de sarcophage…

« Égypte, Égypte ! tes grands Dieux immobiles ont les épaules blanchies par la fiente des oiseaux, et le vent qui passe promène dans le désert la cendre de tes morts… »

Et là, dans cet enclos héréditaire, sous les orangers qui se doraient au dernier soleil, au milieu des chrysanthèmes, des astères violets, de toutes les hautes plan-