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tant de roulis, ils le montaient, avec des brutalités involontaires, qui heurtaient contre des angles de bois sa tête à jamais voilée. Par un panneau, furtivement entrebâillé pour le laisser passer, il fut remis à d’autres mains qui l’attendaient sur le pont et qui le hissèrent.

Le prêtre, âgé et malade, n’avait pas même pu venir, par ce gros temps dangereux, dire les prières des morts. Et les hommes de corvée étaient seuls, sur ce pont que les lames balayaient.

Pendant un plus effroyable mouvement de roulis, on le jeta dans un de ces gouffres d’eau, qui s’ouvrent et aussitôt se referment. Malgré le poids de fer attaché à ses pieds, une lame, une montée d’écume, le relança d’abord contre le navire, avec une force à briser ses os ; puis il disparut, plongé tout de suite dans le silence pour jamais, et commençant sa descente infinie, dans les ténèbres insondées d’en dessous…


LI


Presque aussitôt, le temps se calma.