Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se fermait de jour en jour davantage aux abstractions mathématiques.

Ses pauvres cahiers de collège, dont il s’était fait suivre et auxquels il tenait comme à des reliques, s’usaient de plus en plus, aux angles, malgré ses soins, dans son sac de matelot ; ils étaient jaunis maintenant, l’encre pâlie. — Et l’entre-croisement des signes et des chiffres qu’ils contenaient lui devenait de moins en moins intelligible : grimoires fermés, traités de choses occultes. — Et il faudrait rapprendre tout cela, et l’astronomie en plus !… Vraiment, quand il avait le temps d’y réfléchir, dans ces calmes des soirs, il entrevoyait des impossibilités effrayantes ; il lui semblait qu’il ne comprendrait plus, qu’il ne pourrait plus…

Il se consolait ensuite en se disant qu’il avait des années devant lui ; que le moment n’était pas venu de se remettre à ce travail et de s’en tourmenter… Alors il écoutait les naïfs qui causaient alentour, s’amusait de leurs enfantillages, — et le sourire lui revenait, le sourire et l’oubli… Par degrés, sans bien s’en rendre compte,