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L’ACCENT DANS LE GAELIQUE DU MUNSTER

qui était une conséquence de l’accentuation sur la première syllabe[1]. Il est donc sûr qu’à l’époque du vieil-irlandais, en Munster comme ailleurs, ‑āco‑ a été abrégé en ‑ach. L’allongement est donc postérieur. Il est dû uniquement à la présence de la spirante gutturale sourde à la fin du mot. Ce qui le prouve le plus clairement, c’est que ce suffixe ‑ach représente non seulement une terminaison à voyelle longue, vieille-celtique, mais même des terminaisons à voyelle brève. L’irlandais brollach pour bron-lach, qui a tous les sens du latin sinus est, en effet, identique au gallois bron-llech, estomac[2]. Or le gallois avait l’accent sur le deuxième terme et a très sûrement conservé l’ancienne quantité. La syllabe ‑ach ayant été allongée, l’accent s’y est porté comme sur les longues d’origine secondaire du vieil-irlandais, mais à une époque relativement récente. De toutes les syllabes à voyelle nouvellement longue, c’est ‑ach qui exerce sur l’accent l’action la plus faible, comme nous allons le voir : elle n’attire l’accent que dans les dissyllabes, et encore, lorsque la voyelle de la syllabe précédente est brève et ne subit pas d’allongement par position. L’action de l’accent se montre aussi dans la qualité de la voyelle ‑ach. Si ‑ach est accentué, a garde sa qualité et devient simplement plus fermé ; si ‑ach n’est pas accentué, a devient un son difficile à déterminer : c’est un son entre ǫ et ö : je l’ai figuré par petit o accolé à petit e[3].

  1. Lorsqu’une longue se montre, en syllabe atone, en vieil-irlandais, on peut être sûr qu’elle n’est pas vieille-celtique : sur ce point, cf. Thurneysen, Grammatik, p. 29-32, §§ 41-46.
  2. V. J. Loth, Bronlach, broullech, dans Mémoires de la Soc. de Ling., de Paris, 1913.
  3. Henebry (Sounds, p. 63, 5) ne paraît pas distinguer entre ‑ach accentué et ‑ach atone ; pour lui, ĉ change a en à (son à est le son de l’anglais a dans what (ibid., p. 6). C’est sans doute une inadvertance, car, p. 9, II, il fait nettement cette distinction : accentué ‑ach se prononce ‑àch ; atone, il se prononce ‑œch. L’a de ‑ach accentué, dans certaines parties du Munster et, semble-t-il, du Kerry, est voisin de ‑ǫ.