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Les prêtres chrétiens en avaient fait un démon. Le peuple s’obstinait à le regarder comme un roi puissant et riche, le souverain des êtres surnaturels. Notre auteur a eu une idée originale : il l’a laissé en enfer où le christianisme l’avait fait définitivement descendre, pendant que son père Nudd conservait une place honorable dans l’Olympe chrétien, mais pour un motif des plus flatteurs pour lui : Dieu lui a donné la force des démons pour les dominer et les empêcher de détruire les hommes de ce monde : il est indispensable là-bas.

L’armement de Kulhwch est plus complètement celtique que celui des guerriers du Songe de Ronabwy. Comme Eocho Rond, dans le morceau épique irlandais de l’Exil des fils de Doël[1], il porte deux javelots, une lance et, à sa ceinture et au côté, une épée à poignée d’or. Les deux javelots sont caractéristiques de l’armement des anciens Celtes. Il ne rappelle en rien celui des chevaliers d’Owen et Lunet, de Peredur et de Gereint et Enid.

Un autre trait de mœurs archaïques, c’est l’évaluation de la valeur des pommes d’or du manteau de Kulhwch et de l’or de ses étriers et de ses chaus-

  1. D’Arbois de Jubainville, L’épopée celtique en Irlande, p. 156. Dans le Perlesvaus (Potvin, I, p. 61, 62) Perceval a en mains trois javelots, ce qui est probablement une mauvaise interprétation. La mère de Perceval lui en fait enlever deux parce que ce serait trop gallois, c’est-à-dire barbare. (Voy. t. II, trad. note à Peredur. Cf. J. Loth. « Un trait de l’armement des Celtes », Revue celt., 1910).