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sommes des envoyés d’Arthur ; sais-tu quelque chose de Mabon, fils de Modron, qui a été enlevé à sa mère la troisième nuit de sa naissance ? » ― « Si je le savais, je le dirais. Quand je vins ici pour la première fois, la grande vallée que vous voyez était couverte de bois. Vint une race d’hommes qui le détruisit. Un second bois y poussa ; celui-ci est le troisième. Vous voyez mes ailes ? Ce ne sont plus que des moignons racornis : eh bien, depuis ce temps jusqu’aujourd’hui, je n’ai jamais entendu parler de l’homme que vous demandez. Je serai cependant votre guide, à vous, messagers d’Arthur, jusqu’auprès de l’animal le plus vieux de ce monde et celui qui circule le plus, l’aigle de Gwernabwy. » Gwrhyr dit : « Aigle de Gwernabwy, nous, messagers d’Arthur, nous sommes venus vers toi pour te demander si tu sais quelque chose au sujet de Mabon, fils de Modron qui a été enlevé à sa mère, la troisième nuit de sa naissance. » ― Il y a longtemps, » dit l’aigle, « que je suis venu ici ; à mon arrivée, il y avait une roche du sommet de laquelle je becquetais les astres chaque soir ; maintenant elle n’a plus qu’une palme de haut ; je suis ici depuis, et néanmoins je n’ai rien entendu au sujet de l’homme que vous demandez. Cependant, une fois j’allai chercher ma nourriture à Llynn Llyw ; arrivé à l’étang, j’enfonçai mes serres dans un saumon, pensant qu’en lui ma nourriture était assurée pour longtemps ; mais il m’entraîna dans les profondeurs, et ce ne fut qu’à grand’peine que je pus me débar-