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un grand soupir et fut pris de grande douleur et de grand regret. « Dieu tout-puissant, » s’écria-t-il, « malheur à moi ! Il n’y a personne qui n’ait un refuge cette nuit, excepté moi ! » ― « Seigneur, » dit Pryderi, « ne te laisse pas abattre ainsi. C’est ton cousin germain qui est roi de l’île des Forts. En supposant qu’il puisse avoir eu des torts vis-à-vis de toi, il faut reconnaître que tu n’as jamais réclamé terre ni possession ; tu es un des trois qui sont princes sans l’être. » ― « Quoique cet homme soit mon cousin, » répondit Manawyddan, « il est toujours assez triste pour moi de voir qui que ce soit à la place de mon frère Bendigeit Vran. Je ne pourrai jamais être heureux dans la même demeure que lui. » ― « Veux-tu suivre un conseil ? » ― « J’en ai grand besoin ; quel est-il ce conseil ? » – « Sept cantrevs m’ont été laissés en héritage ; ma mère Riannon y demeure. Je te la donnerai et avec elle les sept cantrevs. Ne t’inquiète pas quand même tu n’aurais pas d’autres possessions ; il n’y en a pas au monde de meilleurs. Ma femme est Kicva, la fille de Gwynn Gohoyw. Les domaines seront à mon nom, mais vous en aurez la jouissance, toi et Riannon. Si tu désirais jamais des domaines en propre, tu pourrais prendre ceux-là. » ― « Non jamais, seigneur : Dieu te rende ta confraternité ! » ― « Si