Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’un maître de terres, de domaines et de vassaux ne se lève, ne presse la nourriture avec ses deux pieds dans le sac et ne dise : « On en a mis assez. » ― « Champion, » dit Riannon à Gwawl, fis de Clut, « lève-toi vite ». « Volontiers, » répondit-il. Il se leva et mit ses deux pieds dans le sac. Pwyll tourna le sac si bien que Gwawl en eut par dessus la tête et, rapidement, il ferma le sac, le noua avec les courroies, et sonna du cor. Les gens de sa maison envahirent la cour, saisirent tous ceux qui étaient venus avec Gwawl et l’exposèrent lui-même dans sa propre prison (le sac) (v. notes critiques). Pwyll rejeta les haillons, les grosses chaussures et toute sa grossière défroque. Chacun de ses gens en entrant donnait un coup sur le sac en disant : « Qu’y a-t-il là-dedans ? » ― « Un blaireau, » répondaient les autres. Le jeu consistait à donner un coup sur le sac, soit avec le pied, soit avec une trique. Ainsi firent-ils le jeu du sac. Chacun en entrant demandait « Quel jeu faites-vous là ? » ― « Le jeu du blaireau dans le sac », répondaient-ils. Et c’est ainsi que se fit pour la première fois le jeu du Blaireau dans le sac[1]. « Seigneur, »

  1. D’après le Linguæ britannicæ dictionar. duplex, de Davies, ce jeu consistait à essayer de fourrer son adversaire dans un sac. C’est encore une expression proverbiale (v. Richards, Welsh dict., p. 251 : Chwareu broch ynghod) Dafydd ab Gwilym, dans une satire contre Gruffydd Gryg, lui dit que lui, Davydd, s’il veut aller dans le Nord, sera partout choyé ; « si toi, » ajoute-t-il, « tu viens dans le Sud, tu seras broch y’nghod, blaireau dans le sac, braich anghadarn, ô bras sans force » (p. 174).