Page:Lorrain - Sensations et Souvenirs, 1895.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et, comme nous nous récriions tous, trop heureux et flattés, disions-nous, de céder là-dessus la supériorité aux sujets de Sa Gracieuse Majesté :

— Vous avez tous lu La Faustin, poursuivait tranquillement Asseline, question à laquelle Georges Moor ayant répondu par un vibrant : " Ah çà, pour qui nous prends-tu donc ! ", Asseline avait un mystérieux sourire et, tout en arrangeant ses cartes :

— Et vous vous souvenez tous de l’honorable Lord Selwyn, l’inquiétant et fuyant personnage de la fin du volume, et du scandale soulevé, lors de l’apparition du livre, autour de ce nom !

Nous nous étions tus tous les quatre, ne sachant où voulait en venir Asseline ; lui s’était levé, était allé à sa bibliothèque, et prenant dans un rayon une merveilleuse reliure en peau de truie, feuilletait une minute, et d’une voix devenue mordante, il lisait maintenant, détachait et mettait en valeur tous les mots, l’épaule accotée à l’angle de la bibliothèque.

— Au fond, décidément, qu’est-ce que votre ami Selwyn ?

Lord Annandale, occupé à allumer son cigare, en tira lentement une bouffée, regarda sa maîtresse en plein visage, et dit :

— Georges Selwyn… c’est un sadique.

Et, sur une muette interrogation des yeux de Faustin, il ajouta :

— Oui, un homme aux amours… aux appétits