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Ce misérable hallucinait l’atmosphère, envoûtait les objets et les êtres ; c’était quelque larve animée au service d’un mauvais esprit, un fantôme d’être, quelque mandragore enchantée par une volonté occulte et dont l’homonculus inane se démantibulait devant moi.

Et, dans mon for intérieur, je songeais à Péladan.

Il y avait bien aussi, pour me rassurer, ce passage du conte :

« Gerda s’arrêta, n’osant plus faire un pas devant ce cortège de silence :

— Ne crains rien, croassa le corbeau posé sur son épaule, ils sont plus vains que la fumée ; ce sont les Songes ; dès les lumières éteintes, ils envahissent chaque nuit le palais. »

Après tout, ce n’était peut-être qu’un songe, une vaine fumée.

L’équivoque visiteur prit enfin congé ; il se retira avec maintes révérences et force protestations, il n’oublierait jamais mon accueil si cordial, et toute sa reconnaissance, etc., etc. J’eus enfin le bonheur de voir la porte se refermer sur lui.

Je sonnai aussitôt la livrée :

— Je n’y serai jamais pour M. Michel Hangoulve, jamais, vous m’entendez ?

Et, m’étant penché vers le foyer, j’y pris la pelle et y fis brûler un peu d’encens.