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tombe, je relis cette épitaphe que je composai il y a sept ans au lendemain de la mort de mon père, et dans le tréfonds de ma pensée j’en arrive à envier les êtres disparus, ensevelis là dans ce petit cimetière de province, au versant d’une côte ; et, tout en m’abandonnant à leur regret, c’est moi que je regrette, sur moi-même apitoyé à l’idée du repos du cœur, que je n’ai jamais possédé et que je ne connaîtrai jamais ici-bas, j’en ai peur, puisque je porte en moi-même, hélas ? l’incurable et douloureuse cause de ma peine.

Ils reposent.

Le ciel est gris, chargé d’ondées, et de l’allée, où je suis, je domine et le mur blanc du cimetière et la petite ville de Saint-Phaland encaissée entre ses hautes falaises avec ses bassins absolument déserts en été, et ses tristes maisons coiffées d’ardoises se silhouettant en bleu grisâtre sur la glauque étendue, toute moutonnée d’écume, de la mer. Il a plu toute la matinée, autour de moi des cyprès et des saules pleurent des gouttes, et les touffes de lierre, où je m’appuie du coude, ont des perles liquides dans le creux de leurs feuilles.

Oh ! cette mer inquiète et perpétuellement