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et fouaillées par les garçons dans l’obscurité de la salle de spectacle improvisée, dans la tiédeur des bottes de foin, et le petit bois de sapins sur la colline, au-dessus de la maison, où, petite fille, elle aimait aller s’asseoir durant des heures sous les hautes branches bruyantes, pour écouter chanter le vent.

Étendue près de moi dans un champ de bruyères, sous un petit bois de frênes et de chênes verts, elle parle comme en rêve, et c’est bien du rêve parlé en effet que les souvenirs d’enfance décousus et charmants, qu’elle se récite à haute voix pour elle-même ; à nos pieds se creuse la vallée avec son étang solitaire, ses pâtures entourées de haies où errent des bœufs, son abbaye en ruines et son enceinte de grands bois. Je l’écoute et, le front caché dans les mains, les mains appuyées sur le sol, je fais semblant de dormir, je songe à l’autre et je pleure.


Saint-Phaland, 3 septembre.

Ils reposent : la vie ardente et triste, alarmes,
Chagrins, ne hante plus leur paisible oreiller ;
L’aube chaque matin les baigne de ses larmes.
La vie est une tombe au tournant d’un sentier.

Appuyé du coude au grillage enlierré d’une