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tait qu’un hors-d’œuvre dans les amours coutumières du pays : ce qui avait alléché le vieux bonze, c’était le satin de sa chair blonde, la gracilité presque éphébique de son corps de fillette ; et le vieux bey, rebuté d’épidermes cireux et de tons olivâtres, s’était laissé prendre à la fausse monnaie d’un amour à peau blanche ; mais pour Liline Oysette c’était un coup manqué, sinon un four. C’est alors qu’elle eut une inspiration du ciel, ou plutôt de ciel de lit : Jones Invernesteers, le petit Jones, le joli groom rose et dodu de la baronne ! Le soir même, Liline écrivait rue Saint-Georges, expliquait et proposait l’affaire en femme de Bourse, donnant une commission de tant pour cent, les frais de déplacement payés par la baronne : Invernesteers, linge, nippé, pourvu d’argent d’avance, passerait pour son frère ou pour son cousin.

Invernesteers est demeuré cinq années à Tunis et, s’il n’a pas été ministre, c’est qu’il n’a pas daigné.

Il y a quatre ans, Jones est rentré ici, ramenant de là-bas douze paires de chevaux arabes, dont trois étalons uniques : grâce aux connaissances et de la baronne d’A… et de Liline