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avait la fraîcheur, les yeux bleu flore et les cheveux de lumière des enfants de là-bas. Milla se toque de ce boy, le fait asseoir dans sa voiture, débarbouiller dans sa cuvette et l’installe dans son antichambre groom décoratif, de go, sans même le consulter. L’actrice une fois revenue à Paris, voilà mon Jones passé bibelot du grand hall artistique de la rue de Charny, statuette d’atelier. Chez Milla il reste dix-huit mois : chassé pour vol, il entre chez la baronne d’A…, la fameuse baronne elle-même, qui croit l’enlever à la tragédienne et se faire là une bonne réclame. Jones accompagne tous les jours sa maîtresse aux Acacias, et, plus dodu, plus rose que jamais, y fait une certaine sensation à côté du teint bis et des yeux capotés de la dame ! De là datent ses premiers succès ; sa fraîcheur a su plaire et l’on affirme que la baronne le sert parfois, dans les fêtes à la Tour, à une clientèle blasée ; cela coûte bon, mais à Paris à qui paie tout est possible. Jusqu’ici ce n’est pas mal, comme tu vois. Jones a des bagues à tous les doigts, du linge de duchesse et, les jours de sortie, des cravates impressionnantes et des cannes de chez Verdier, mais il porte encore la livrée, il est