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tures et des courtisanes de l’histoire ; il est roux comme les filles, dont après, avoir jadis été le trop heureux rival, il est aujourd’hui l’associé ; aussi ont-elles pour lui des complaisances de collègue à collègue : leurs métiers se valent. Tout cela, c’est la grande confrérie du vice, l’éternelle franc-maçonnerie de la fripouille en quête de turpitudes à découvrir, de sottises à exploiter : l’entretenu vaut l’entretenue, deux chenilles à même la même branche d’arbre… Une âme de laquais dans un corps de bel horse-guard, voilà l’homme. D’ailleurs un ancien groom et groom de cocotte, c’est assez t’en dire, et groom à tout faire est encore son métier.

— Peste, quel dithyrambe !

— Veux-tu des faits à l’appui ? Tiens, la voici en deux mots, son histoire à l’honorable Invernesteers. Né du ruisseau, d’une ivrognesse irlandaise et d’un matelot de la Cité, à quatorze ans il est rencontré par hasard haillonneux et pieds nus, sur la grande route de Windsor, par Milla Sichel, Milla la tragédienne venue avec sa troupe faire la saison à Gaity-Theater. Tu connais Milla, le caprice, la fantaisie même ! De sang irlandais, Invernesteers