Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’impériale toute une envolée d’ombrelles de gaze rouge et de toilettes claires, jabotantes et haut perchées : le conducteur nous avait fait un grand salut, le chapeau gris levé très en l’air, comme détaché au dessus de la tête.

Invernesteers ?

Certes, oui, je connaissais ce nom d’Invernesteers pour l’avoir cent fois lu imprimé dans le Sport et les comptes rendus des courses ; je connaissais aussi cette jolie figure de spadassin roux, un spadassin s’empâtant déjà, pour l’avoir autant de fois croisé et rencontré soit à Auteuil, soit à l’Omnium et au retour du Bois, mais j’en avais fait un clubman quelconque. La mise correcte, la grande tournure et l’air un peu hautain du personnage me l’avaient fait ranger au nombre des fils de bonne famille qui, selon les mœurs acceptées d’aujourd’hui, partagent leur fort honorable existence entre les paris de courses et les chances du baccarat.

— Oui, en effet, ricanait de Guery, l’apparence y est : il a tout d’un pur de l’austère faubourg, le joli Invernesteers, la froideur voulue, le coup de chapeau haut, enlevé (tu l’as vu me saluer tout à l’heure), le teint clair et lavé de l’homme qu’un valet stylé douche et rase deux