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De ces fines mains-là, la robe de foulard mauve dispose et fait bouffer des iris dans des vases, des iris d’un bleu rare et d’un marron pourpré, tigrés, les bleus, de loutre, les marrons, d’étoiles jaunes, des fleurs de collection moins gracieuses que bizarres, baignant sur le perron dans un seau d’acajou avec des roses jaunes et des œillets jaspés.

Assise sur un pliant, une femme de chambre les trie dans le seau, les prend et les essuie ; très grave, la robe mauve les reçoit et va les arranger en gerbes dans les Delft et les Sèvres pâte tendre de l’immense salon blanc.

Huit cent mille francs de dot ! une héritière, la robe de foulard au teint de rose blanche, uni et reposé !

Orpheline et dotée par un oncle Meyrand, le riche banquier Meyrand, oui, Meyrand, Robber et Cie de la rue Le Peletier.

Le premier train de Paris va l’amener à la gare où le landau l’ira chercher ; Meyrand, le gros banquier, face à bajoues, énorme, bouffi de rhumatismes et de graisse malsaine et si monstrueusement développé de partout qu’il lui faut un wagon pour lui seul, de Paris à Chaville, et, de Chaville ici, le landau tout entier.