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que tu m’adresses là ; en veux-tu un échantillon ?

Soit ! donc, j’évoquerai, ma chère, pour vous plaire,
Ce morne amour, hélas ! qui fut notre chimère,
Regrets sans fin, ennuis profonds, poignants remords,
Et toute la tristesse atroce des jours morts ;
Je dirai nos plus beaux espoirs déçus sans cesse,
Ces deux cœurs dévoués jusques la bassesse
Et soumis l’un à l’autre et puis, finalement,
Pour toute récompense et tout remerciement,
Navrés, martyrisés, bafoués l’un par l’autre,
Ma folle jalousie étreinte par la vôtre,
Vos soupçons complétant l’humeur de mes soupçons,
Toutes vos trahisons, toutes mes trahisons,
Et puisque ce passé vous flatte et vous agrée ;
Etc., etc.

Ce sont des vrais vers, au moins, ceux-là.

Je t’enverrai une loge où tu pourras les entendre et les savourer tout à ton aise ; tu pourras même amener tes chefs et tes petits camarades, la loge est de six places.

J’ai congédié ton Sosie, il te ressemblait trop, il me dégoûtait.

M. D.


Lundi soir, 8 Juin. — Comment, grand enfant, c’est pour des ennuis d’argent que tu étais devenu si triste, si maussade, c’est pour cent cinquante misérables louis perdus à ton cercle que tu me boudes depuis trois mois ! Les mar-