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heures ; la victoria sera attelée, je n’ai qu’à traverser le Bois, Boulogne et le pont.

Je te pardonne et je t’aime, Marthe.


Jeudi, 28 mai 1892. — Pourquoi je suis venue à Versailles ! Pourquoi n’étais-tu pas à Saint-Cloud dimanche ? Ni lettre ni télégramme, toute la journée j’étais comme folle ; à quatre heures je suis partie quand même.

Oh ! ces trois heures et demie d’attente dans ce parc, ces trois heures de piétinement sur place et d’allées et venues de bête fauve en cage : à chaque silhouette d’homme un peu élégant qui paraissait dans l’avenue, tout le cœur me tressautait dans la poitrine et j’avais comme un grand froid partout et comme un besoin d’air, j’étouffais et je grelottais… Le parc était plein de monde, on a dû me prendre pour une toquée ; au Pavillon-Bleu il y avait des Lautars qui jouaient des valses… Un homme, un ouvrier endimanché, je crois, a passé qui te ressemblait, j’ai vu le moment où j’allais le suivre, mais j’étais alors pas loin de la voiture et le valet de pied regardait… Et tu me demandes pourquoi j’étais à Versailles lundi dans la