Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au cartel de ma chambre, ma montre marquait deux heures, le cartel deux heures dix, tu vois que je ne dormais pas. »

— « C’est donc moi qui rêvais, concluai-je ne voulant pas, de peur de l’effrayer, qu’elle sut que j’avais découché cette nuit-là.

Deux heures du matin ! Avouez que la coïncidence est au moins étrange. À l’heure même où je défaillais pris d’une abominable angoisse morale, dans une chambre de fille, au cœur de Paris, dans le quartier de l’Europe, ma femme couchée à Auteuil entendait distinctement ma voix l’appeler par son nom par deux fois « Marthe, Marthe. » Y aurait-il donc à travers l’espace de secrètes affinités ou simplement correspondance d’âmes ?

« Oui, je vous le disais, faisait-il en se levant et en posant son index sur la petite Revue, ces jeunes ont henni dans le vent et flairé quelque chose… Il y a certainement une filière inexplorée dans l’inconnu, dans le frisson du monde de l’Au-delà. »