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à des regards, des calices d’iris et de pervenches humides.

« Ici, parmi les chênes, l’ombre est un miroir étrange de rêveries, et toutes les fleurs sont telles qu’elles vivent de vieilles vies, pensives » : quant au tournant du chemin de ronde, dominant de toute sa haute taille les glacis des fortifications et les broussailles rajeunies, la silhouette efflanquée de Saintis s’effilait à quelque pas de moi, dessinée d’un trait net sur le ciel léger.

Cette bleue matinée d’avril l’avait, lui aussi, invité à sortir, et, leste et désinvolte, il rentrait de Passy à Auteuil par le Bois. Son fils, un bambin de quatre ans, demi-nu dans un jersey, gambadait au travers de ses jambes avec des rires heureux de vivre et des Papa par ci, des dis, petit père, par là !

Saintis est un vague confrère : un vif et un intelligent, remuant, débrouillard, brassant, bâclant et cumulant des affaires et des articles dans plus de vingt périodiques et quotidiens, un de ces infatigables pondeurs de copie qui tirent à la ligne et chroniquent au mètre, grand suiveurs d’enterrements, de fêtes et de banquet ? littéraires, grand ponteur de cercle et manifes-