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qui les séparent, des Watteau pour le dix-huitième siècle, puis deux ou trois Walter Crane, des Burne Jones, des esthétiques anglais. Lady Viane feuilletait vite, le flambeau d’une main, l’autre main occupée à tourner les pages… enfin elle s’arrêta : « Regardez », me disait-elle. C’était une grande photographie que je connaissais déjà et que Claudius avait rapportée d’Italie, un portrait de femme étrange et douloureuse, perversement idéale si l’on peut s’exprimer ainsi, comme une Joconde pénétrée d’Ophélie, peinture au reste bien connue des artistes, la Primavera de Botticelli. En regard, Claudius avait écrit ces vers, que je ne connaissais pas :


Au fond d’un vieux palais toscan enseveli,
C’est un portrait sinistre à force d’être étrange,
Tête idéale et folle aux yeux de mauvais ange,
Visage ovale et fin d’adolescent pâli.

Le cou frêle et trop long penche, comme affaibli,
Sous le poids d’un front haut, mi-voilé d’une frange
De raides cheveux longs, d’un blond roux, presque orange
Et piqués d’iris bleus, signés Botticelli.


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