Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’autres fois, selon les besoins de la localité, selon les circonstances particulières, les engagements sont différents ; mais, dans toutes ces transactions directement contraires à la loi, ce sont toujours les véritables intérêts de l’instruction qui sont sacrifiés. Par exemple, on fait à l’instituteur un paiement simulé de 200 francs, mais il en abandonne la moitié, plus ou moins, que l’on emploie à une autre destination. « Vous avez là, disais-je à un maire, un instituteur que vous ne pouvez proposer pour la commune ; il est d’une ignorance profonde : son âge très-avancé ne lui permet pas de faire de grands progrès. Son état (il était maçon) ne lui laisse pas la liberté nécessaire pour être exact à remplir ses fonctions. — C’est vrai, monsieur ; c’est une vieille bête, mais il fait notre affaire comme il faut. Nous n’avons pas de maison d’école, et nous n’en voulons pas construire. Il faudrait donc en louer une : cela nous coûterait cinquante écus. Ce brave homme a une jolie petite maison bien propice qu’il consacrera à cet usage ; nous n’aurons donc que 200 francs à lui donner ; mais nous avons en ce moment besoin d’un chemin ; le bonhomme est raisonnable : sur les 200 francs qu’il devait toucher, il nous en laisse la moitié (230) »

Cependant, on n’est pas toujours assez heureux pour trouver, dans une commune, un homme à son aise qui veuille bien faire un pareil métier ni de semblables concessions. D’ailleurs, les arrêtés du ministre ayant décidé que nul ne pouvait déposséder de son titre et de ses droits l’instituteur que la loi avait trouvé jouissant de quelques avantages faits par le conseil municipal, il a bien fallu conserver un grand nombre de malheureux qui ne pouvaient offrir une maison, ni rien céder de leurs honoraires. Ceux-là, nous avons vu comment on trouvait moyen de leur ravir d’une main le bienfait